lunes, 9 de diciembre de 2013

LANGUE: Parlez-vous chilien? / Le petit Journal


SANTIAGO

LANGUE: Parlez-vous chilien?

Una entrevista de Sophie Rouchon para Le petit Journal (www.lepetitjournal.com)

Deux petits livres, une seule auteure –chilienne, linguiste, poète et enseignante– pour décrypter d’une part le  «parlé» national, puis 703 exemples dans leur contexte pour saisir toutes les nuances des atténuations,  sujet de thèse de Juana Puga. Celle-ci a réussi quelque chose nada de fácil –pour reprendre l’un des exemples–  avec ces ouvrages clairs, drôles et instructifs

"Minimiser"," éviter", "tourner autour du pot", "éluder," "nier" ou "renverser en question "... voici  comment  la linguiste chilienne Juana Puga voit la manière de manier l’espagnol de ses compatriotes. Elle vient de publier deux livres qui pour être, l’un sa thèse publiée en 1997 à Valence (Espagne) sur la propension chilienne à atténuer l’espagnol* et l’autre, un recueil de 703 exemples puisés dans la vie réelle et commentés**, sont aussi éclairants  que drôles pour qui débarque au Chili avec  son petit bagage d’espagnol d’Espagne, aussi direct que râpeux, tout le contraire du chilien ;  enveloppant,  jusqu’à l’imprécision. Ainsi pour cette photographe, vidéaste  et poète, à l’écoute  des gens, l’atténuation  du langage au Chili est loin de s’arrêter au suffixe ito/a: poquito, vinito, niñito, chiquitito, voire, la gente mayorcita  ("les un peu vieux").  Ainsi, au Chili, lorsque à une requête ou une invitation  l’on vous répond: Lo veo difícil,  prenez le pour un non, quant au : de repente que vous traduisiez avec raison par parfois, sachez qu’il peut vouloir signifier toujours: de repente es bien lenteja (parfois il est lent, comprenez: il est TROP lent).


Préambules
Ainsi Juan Puga qui débarquant à la faculté de Philologie de Valence en 1997 a eu tout le loisir de mesurer le fossé entre l’espagnol ibérique  et le sien, a recensé, les méandres du chiliens, dont elle pense qu’il est forgé par le désir  de ne pas envahir le territoire de l’autre. Il en va ainsi du curieux préambule: ¿te puedo hacer una pregunta? qui amorce en général une demande de renseignements, là où un Espagnol –et d’ailleurs même un Français– poserait directement sa question. La chercheuse a classé les atténuations par types; des fausses affirmations: me voy yendo (je commence à partir, sous-entendu si tu veux que je reste, retiens moi), aux généralisations avec le uno (les gens) pour éviter le je, en passant par la litote : una cantidad de plata no menor (pour dire en réalitébeaucoup d’argent) ou les périphrases: existe la posibilite de que (il est bien possible que…) et encore les adverbes diminutifs: como(estoy como cansado / je suis un quelque peu fatigué), medio (ando medio bajonia’o  (ça va pas très fort). Au total, 
Juana Puga détaille les manières et stratégies de ne pas dire exactement ce que l’on voudrait dire, en  703 exemples puisés dans les journaux ou dans des dialogues réels. On a apprécié particulièrement  son éclairage sur la très autochtone indétermination du temps: yo te estoy llamando (littéralement : je suis en train de t’appeler  pour dire: je vais t’appeler. Mais qui sait quand?) ou le faussement rassurant (au téléphone): voy saliendo (je suis en train de sortir (de chez moi), de la part d’une personne qui aussi bien est encore en pyjama).

Modestie
 Mais pourquoi tant de précautions dans le langage des Chiliens? En autres raisons, la chercheuse tente une explication historique: la colonisation espagnole aurait incité les habitants -de toute l’Amérique Latine en réalité- à masquer jusque dans le langage, leurs croyances religieuses et traditions, par peur des châtiments. Trois siècles plus tard, les personnes en bas de l’échelle sociale nuancent, atténuent, minimisent toujours, surtout  lorsqu’elles s’adressent à un «supérieur», dans cette société que chacun s’accorde à reconnaître comme classiste. L’exemple préférée de l’auteur aussi caractéristique qu’exaspérant? No sé si quiero ir a tu casa (comprenez : je n’ai PAS envie d’aller chez toi).


S. R (www.lepetitjournal.com/santiago) vendredi 29 novembre 2013
*Cómo hablamos cuando hablamos: La atenuación en el castellano de Chile (Comment parle-t-on lorsque l’on parle. L’atténuation  dans l’espagnol du Chili) Ed. Ceibo
** Cómo hablamos cuando hablamos: Setecientos tres ejemplos de atenuación en el castellano de Chile (Comment parle-t-on lorsque l’on parle: Sept cents trois exemples d’atténuation dans l’espagnol du Chili) Ed. Ceibo

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